NATIONS UNIES, New York – La pandémie de COVID-19 sévit partout dans le monde, et les gouvernements prennent des mesures sans précédent pour tenter de limiter la propagation du virus, en intensifiant la réponse des systèmes de santé et en annonçant des restrictions de déplacement qui affecteront des millions de personnes. Au milieu de ces actions, les responsables ne doivent cependant pas oublier la vulnérabilité des femmes et des filles, exacerbée par la crise, souligne une note explicative de l’UNFPA qui vient d’être publiée.
Le COVID-19, la maladie à coronavirus qui s’est rapidement propagée dans le monde entier depuis sa découverte fin 2019, semble particulièrement létale pour les populations âgées et les personnes présentant déjà des maladies. Nous manquons encore de données précises et ventilées par sexe pour comprendre la manière différente dont femmes et hommes sont affectés par l’infection, les complications et les risques de mortalité.
Pourtant, il est déjà clair que femmes et filles font face à divers risques qui doivent être pris en compte d’urgence.
« Les épidémies affectent les femmes et les hommes de façon différente », précise la note explicative de l’UNFPA, qui évoque le rôle du genre dans la pandémie actuelle. « Les pandémies aggravent les inégalités de genre déjà existantes, et peuvent affecter l’accès des femmes et des filles à la prise en charge médicale et au traitement ».
Les femmes constituent la majorité du personnel de la santé et des
services sociaux. Avec l’aimable autorisation de l’UNFPA Iran
Les femmes en première ligne
Les femmes peuvent également être plus exposées au COVID-19 à cause de leur sur-représentation dans les professions de santé et les services sociaux. Près de 70 % du personnel médical et social mondial est composé de femmes. Nombre d’entre elles sont sages-femmes, infirmières ou agentes de santé communautaires, des rôles qui les placent en première ligne en cas d’épidémie.
Les risques encourus par les femmes et les filles sont également accrus lorsque les systèmes de santé détournent les ressources habituellement allouées à la santé sexuelle et procréative vers la réponse à l’épidémie, et lorsque les chaînes d’approvisionnement commencent à s’affaiblir sous le poids de la pandémie.
Les services et les produits de première nécessité en santé sexuelle et procréative sont souvent négligés en temps de crise, alors que les femmes continuent d’avoir besoin de contraception, de produits d’hygiène menstruelle et de soins de santé maternelle. De nombreux pays ont déjà dû réaffecter leur personnel de santé et leurs ressources à des services de santé vitaux, ce qui pénalise les autres domaines de prise en charge.
Cette période se révèle particulièrement préoccupante pour les femmes enceintes qui ont besoin d’être régulièrement suivies. La note explicative recommande de prendre des mesures de prévention de l’infection pour protéger les femmes dans les unités prénatales, néonatales et de santé maternelle.
Les femmes enceintes doivent également avoir accès à des informations fiables et à des soins de qualité.
« Actuellement, rien n’indique que les femmes enceintes soient plus à risque de déclarer une forme sévère du COVID-19 ou des symptômes différents du reste de la population », précise la directrice de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem. « Il est cependant important d’assurer l’accès des femmes enceintes à tous les soins de santé de qualité, même en cas d’infection par le COVID-19 suspectée, probable ou confirmée. Les femmes enceintes présentant des maladies respiratoires doivent être une priorité absolue car le risque de complications graves est élevé ».
Risques de violences et subsistance menacée
La pandémie a également vu l’augmentation de menaces qui ne sont pas dues au risque d’infection lui-même. Les données de précédentes épidémies révèlent que femmes et filles sont particulièrement vulnérables dans ce type de cas.
Lors de l’épidémie de virus Zika de 2015-2016, les femmes ont dû faire face à de sérieux obstacles dans leur accès aux soins, notamment à cause d’un manque d’autonomie dans leur propre santé sexuelle et procréative, d’un accès limité aux services de santé, ainsi que de ressources financières insuffisantes. Lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest, en 2014-2015, les femmes ont couru un plus grand risque d’infection à cause de leurs rôles prédominants d’aidantes et de professionnelles de santé.
Aujourd’hui, la pandémie due au coronavirus pourrait peser très lourd sur les moyens de subsistance des femmes, car la fermeture des écoles augmente la charge du travail domestique, qui leur incombe habituellement, et les restrictions de déplacement affectent les secteurs des services et du travail informel, dans lesquels les femmes constituent la majorité de la main-d’œuvre.
Les épidémies et les tensions qui les accompagnent peuvent aussi augmenter les risques de violences conjugales et des autres formes de violence basée sur le genre. Les conséquences économiques de l’épidémie d’Ebola ont par exemple aggravé les risques d’exploitation sexuelle des femmes et des enfants. Aujourd’hui, alors que les familles font face à de grandes tensions, à des incertitudes financières et autres pressions, femmes et filles sont encore plus vulnérables qu’en temps normal.
L’UNFPA exhorte les responsables politiques à prendre en compte les perspectives des femmes dans leur planification de la gestion de la pandémie et dans les décisions prises dans ce contexte. Les systèmes de santé sont également vivement encouragés à se préparer à fournir un soutien essentiel aux survivantes de violence basée sur le genre.
« Toutes ces survivantes ont besoin d’un accès à la protection et aux services de santé, y compris au sein des communautés placées en quarantaine », déclare Aimee Santos, spécialiste des questions de genre pour l’UNFPA aux Philippines, où l’agence travaille avec les services de santé gouvernementaux sur la réponse à la pandémie.
L’UNFPA fournit des masques, de l’équipement personnel de protection et du matériel aux systèmes de santé touchés par l’épidémie. © UNFPA Philippines
Travailler ensemble
Tous ces risques s’accroissent en temps de crise humanitaire. « Pour les 48 millions de femmes et de filles identifiées par l’UNFPA comme ayant besoin d’aide humanitaire et de protection en 2020, dont 4 millions de femmes enceintes, les dangers que pose l’épidémie de COVID-19 seront démultipliés », indique la note de l’UNFPA. Elle appelle à la prise en compte de la réponse à la pandémie dans les plans d’actions humanitaires.
L’UNFPA préconise des réponses tenant compte des problématiques de genre, mais fournit également un soutien matériel aux systèmes de santés affectés par la pandémie.
En Chine, l’UNFPA a distribué des serviettes hygiéniques et des couches pour adultes aux populations vulnérables, dont les personnes âgées à risque, ainsi que des équipements personnels de protection aux personnels de santé. En Iran, l’agence a acheté du matériel pour les personnels de santé : masques, désinfectant et gants.
Aux Philippines, l’UNFPA a récemment fourni des équipements personnels de protection (combinaisons, blouses à manches longues, masques de protection, lunettes, tabliers, charlottes et surchaussures) aux personnels de santé qui sont en première ligne. Ce matériel vient compléter la distribution faite précédemment de thermomètres manuels et de masques chirurgicaux.
« Il est impératif que nous soutenions le [département de la Santé] et les héros et héroïnes de ce pays aujourd’hui : toutes les personnes qui travaillent dans la santé, et surtout celles qui sont en première ligne, qui risquent leur santé et leur sécurité pour répondre à cette situation d’urgence. Il faut les protéger de l’infection », a déclaré le Dr Joseph Michael Singh, expert de la santé pour l’UNFPA aux Philippines.