BEYROUTH, Liban / NATIONS UNIES, New York – Un travailleur humanitaire portant un masque aide une femme blessée à rejoindre une clinique mobile de premiers secours. Un autre, Hiba Kchour, transporte des produits d'hygiène jusqu’à la coque brisée d'une voiture. D'autres encore enjambent les décombres pour distribuer des boîtes d'équipement de protection individuelle (EPI) aux agents du ministère de la Santé.
Ce sont là quelques-unes des premières scènes qui ont fait suite à l'horrible explosion du 4 août dernier, qui a dévasté de larges pans de la capitale libanaise, tuant plus de 170 personnes, faisant des milliers de blessés et des dizaines de disparus.
L'explosion de nitrate d'ammonium et les ondes de choc qui ont suivi ont causé des ravages dans tout Beyrouth. Des dizaines d’installations sanitaires et médicales indispensables ont été endommagées ou détruites.
L'UNFPA est sur le terrain pour distribuer des produits d'hygiène, fournir une assistance médicale et satisfaire aux besoins essentiel des victimes – notamment ceux des femmes en matière de santé reproductive.
« Personne n'a pensé aux besoins fondamentaux des femmes », a déclaré Mme Kchour, une travailleuse sociale de l'Association Amel, qui fait du porte à porte pour venir en aide aux femmes.
« Après l'explosion, elles ont tout perdu, même la possibilité d'acheter des serviettes hygiéniques. »
Des centaines de milliers de personnes dans le besoin
L'UNFPA travaille avec des organisations partenaires qui sont sur le terrain - y compris les Associations Akkarouna, Amel, Al Makassed, Lecorvaw, Acted, Lemsic, Al Mithaq et INTERSOS –, pour plus d’efficacité.
L’UNFPA vise à répondre aux besoins de quelque 81 000 femmes en âge de procréer, qui font partie des 300 000 qui ont été déplacées en raison de la catastrophe. On estime que 3 900 femmes actuellement enceintes auront besoin de services de soins prénatals, obstétriques et néonatals dans les mois à venir.
Leurs droits fondamentaux en matière de santé sont gravement menacés.
Selon les partenaires, l'entrepôt central de médicaments du réseau de soins de santé primaire a été gravement endommagé, ainsi que plus de 80 centres de soins de santé primaire. Des évaluations préliminaires montrent qu'une quinzaine d'hôpitaux ont été considérablement touchés, dont au moins trois sont partiellement ou totalement inopérants.
Cette crise vient s'ajouter à la pandémie actuelle de la COVID-19, qui avait déjà infecté des milliers de personnes au Liban. Suite à la catastrophe, les besoins d'intervention ont remplacé les mesures de protection, telles que la distanciation sociale. En conséquence, les cas de COVID-19 devraient augmenter, un pic record de 309 cas ayant déjà été observé le 11 août. Désormais, l'exode massif de personnes vers de petites zones surpeuplées pourrait encore aggraver la propagation du virus.
Mais il y a également un besoin aigu de soutien psychosocial.
« Les besoins en matière de santé mentale après une telle catastrophe sont immenses, et les ramifications seront visibles pendant les mois, voire les années à venir – et dans tous les groupes d'âge », a déclaré le Dr Brigitte Khoury, directrice du Centre régional arabe pour la recherche et la formation sur la santé mentale à l'Université américaine de Beyrouth.
Le Dr Khoury travaille avec l'UNFPA pour intégrer les premiers secours psychologiques dans les services de santé reproductive et les programmes destinés aux survivants de la violence basée sur le genre. « Lorsque nous serons prêts, nous pourront fournir des services spécialisés plus avancés partout où ils seront nécessaires », a-t-elle annoncé.
L’UNFPA est sur le terrain
Avec l’aide de ses partenaires, l'UNFPA a distribué plus de 10 000 kits de dignité – contenant entre autres des serviettes hygiéniques, du savon et des serviettes de toilette– dans les quartiers de Karantina, Al Khanda2 Al Ghami', Mar Mikhael et Geitawi, dévastés par l'explosion.
Les partenaires de l’UNFPA développent également les services de santé reproductive, notamment en faisant appel à des sages-femmes et à d'autres membres du corps médical pour des visites à domicile, des soins de santé et d'autres services essentiels. Des milliers de boîtes de masques chirurgicaux, écrans faciaux, gants, blouses médicales et autres fournitures ont également été livrés au ministère de la Santé.
L’UNFPA travaille prioritairement sur les services de prévention de la violence basée sur le genre, et de soutien aux survivants. Les femmes et les filles étaient déjà plus vulnérables à la violence depuis le début des restrictions liées à la COVID-19. Les déplacements dus aux explosions, la perturbation des services, les difficultés économiques et les tensions croissantes pourraient aggraver le risque de violence et d'exploitation des plus vulnérables.
’UNFPA lance un appel de dons de 19,65 millions de dollars pour soutenir ces mesures vitales dans les mois à venir.
« Chaque femme vivant dans une zone touchée par l’explosion tragique a beaucoup souffert de ses conséquences, qu'il s'agisse de dommages aux biens ou aux logements, de la perte d'un membre de la famille ou d'un voisin aimé, et même d'un manque de sécurité ou d’un sentiment d'insécurité, pour ne citer que cela », a déclaré Asma Kurdahi, chef du bureau de l'UNFPA au Liban.
« Leurs besoins de première nécessité – y compris les serviettes hygiéniques – doivent être satisfaits pour leur permettre de conserver un minimum de dignité.»