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SANA'A, Yémen - Salwa, 35 ans, a survécu au mariage d’enfant, à trois maris abusifs, à une pauvreté écrasante et à des années de conflit acharné. Au début de la pandémie de COVID-19, elle a également souffert de famine. Mais à présent, seulement quelques mois après avoir rejoint un espace sécurisé pour femmes et appris à coudre, elle se construit une nouvelle vie.

Les difficultés de Salwa ont commencé lorsqu'elle s'est mariée à l'âge de 12 ans. Son mari l'a maltraitée pendant des années, puis l'a abandonnée, emmenant leur fille avec lui.

En tant que femme, il n'était pas acceptable que Salwa vive seule, alors elle a emménagé avec son frère. Il s'est rapidement arrangé pour qu'elle épouse un autre homme – un étranger qui l'a lui aussi maltraitée.

« Je ne pouvais plus supporter la situation, alors j'ai demandé le divorce », a-t-elle raconté. Moins d’un an après, son frère l'a mariée à nouveau. Le troisième mari de Salwa était lui aussi violent. « J'avais l'habitude de pleurer constamment », se souvient-elle.

Lorsque l'épidémie de COVID-19 a conduit les entreprises à fermer leurs portes, son mari a cessé de travailler. Leurs dettes se sont accumulées. Puis un jour, il est simplement parti.

Salwa n'avait ni revenu ni nourriture.

« Je passais des jours sans manger », dit-elle. « Je pouvais manger n’importe quoi. Parfois, certains voisins me donnaient de la nourriture. »

« Recoudre ma vie déchirée »

Des membres de la communauté de Salwa – qui font partie d'un « comité de protection » - lui ont parlé d'un espace sécurisé créé par l'UNFPA et l'Union des femmes yéménites. L'espace fournit des conseils, des cours de formation professionnelle, d'alphabétisation et autres services pour les femmes et les filles.

« On lisait tout de suite qu’elle était fatiguée et malade sur son visage, et même dans sa façon de parler », a déclaré Fawzia, une psychologue qui a rencontré Salwa.

Ensemble, elles ont créé un plan pour aider Salwa à reprendre le contrôle de sa vie.

Elle a commencé à recevoir régulièrement des soins de santé, et psychosociaux. Elle a suivi des cours d’initiation au marketing et à la gestion de projet. Et elle s’est découvert un talent pour la couture.

« Quand je couds, j'imagine que je couds ma vie déchirée », dit-elle. « Je le fais de mon mieux parce que cela me rend extrêmement heureuse, et me fait oublier tous les moments difficiles que j'ai traversés. »

Salwa a pu obtenir une subvention d'autonomisation économique, qui l'a aidée à démarrer sa propre entreprise de couture.

Aujourd'hui, elle travaille dans une usine de tissage et filature, et se charge également de projets de couture à domicile. Beaucoup de ses clients lui ont demandé de fabriquer des masques pour aider à prévenir la propagation du COVID-19.

« Je suis capable de subvenir seule à mes besoins », a-t-elle déclaré à l'UNFPA. « Je couds à la maison et produis 300 masques par semaine. »

La réponse de l'UNFPA menacée

Les espaces sécurisés offrent des services essentiels aux femmes et aux filles en cette période de conflit, de pandémie et de dévastation économique que connaît le Yémen. Ces espaces aident les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles déplacées.

Un certain nombre d'espaces sécurisés ont dû réduire leurs opérations en raison de la pandémie. Aujourd'hui, 42 sont opérationnels grâce à des financements du Danemark, de l'Islande, du Japon, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède et de la Suisse.

Ils jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation aux mesures de prévention du coronavirus. Beaucoup continuent de fournir des services par le biais de téléconseils, de plateformes téléphoniques et autres. Et depuis le mois d’avril, les bénévoles des espaces sécurisés ont produit plus de 50 000 masques faciaux à distribuer dans les communautés les plus vulnérables.

Mais le financement de ces espaces sécurisés et du soutien de l'UNFPA en matière de santé reproductive s'épuise.

Au début de l’année, l'UNFPA a lancé un appel de dons de 100,5 millions de dollars pour aider 4,1 millions de femmes et de filles yéménites à bénéficier de services vitaux. Seulement 53% des fonds nécessaires ont été mobilisés à ce jour. Comme d'autres agences humanitaires, l'UNFPA a dû restreindre ses opérations.

En mai dernier, l’UNFPA a été contraint de suspendre sa contribution à 140 des 180 établissements de santé qui en bénéficient régulièrement. Si cette trajectoire de financement se poursuit, l’UNFPA sera contraint de suspendre davantage de ses opérations. La fermeture d'espaces sécurisés et de services de protection pourrait desservir plus de 350 000 femmes et filles.

Afin de pouvoir aider les femmes et les filles les plus vulnérables jusqu'à la fin de l'année, l'UNFPA a besoin de 43 millions de dollars, auxquels s'ajoutent 20 millions de dollars supplémentaires pour répondre à la pandémie du COVID-19.